
Depuis le 13 octobre et jusqu’au 16 avril prochain, le musée des Arts décoratifs met à l’honneur une décennie exceptionnelle dans le cadre de son exposition « Années 80, Mode, design et graphisme en France ». Pour l’occasion, plusieurs centaines d’œuvres nous replongent au cœur d’une période riche en changements politiques et culturels.
« La fête est ce lieu d’échange, de passion, de mise en lien des artistes et des gens », déclarait Jack Lang, ancien ministre de la Culture, au Figaro. De la mode au graphisme, en passant par le design, c’est cette décennie de « fête » et de « passion », celle des années 1980, que le musée des Arts décoratifs a souhaité remettre sur le devant de la scène. Depuis le 13 octobre et jusqu’au 16 avril prochain, ce sont 700 œuvres témoignant d’une génération gagnée par une émancipation nouvelle, une créativité sans faille, et une extravagance sans pareille, qui sont exposées en plein cœur de la capitale.
À travers trois thèmes réunissant « une nouvelle ère politique et culturelle », « le design en effervescence » et « le look des années 80 », l’exposition nous permet de remonter quarante ans dans l’histoire pour s’imprégner de l’unicité des créations de Philippe Starck, de la vision décalée de Jean Paul Gaultier et des images intemporelles de Jean-Paul Goude. Années de chamboulements culturels où libération des corps et liberté d’expression sont de rigueur, elles annoncent également un virage politique. Par leur arrivée au gouvernement en 1981, François Mitterrand, alors président de la République, et Jack Lang, ministre de la Culture, marquent le début d’une époque où la communication visuelle atteint une place centrale dans le marketing, où la musique devient une célébration nationale chaque 21 juin dès 1982, et où la mode est un art reconnu notamment avec la fondation de l’Institut français de la mode en 1986.

Une décennie de renouveau pour la communication et les médias

C’est avec son affiche de campagne présidentielle en 1981, que François Mitterrand marque un nouveau tournant : désormais la communication se veut visuelle, le graphisme et l’art de manier les mots pour former un slogan deviennent essentiels. Avec des modes de consommation qui évoluent, deux types de communication se distinguent entre l’affiche aux messages sociaux, politiques et culturels, et la publicité à des fins commerciales.

Peu à peu, les médias aussi se réinventent : Claude Maggiori retravaille les couvertures de Libération, alors qu’Étienne Robial créé un graphisme adapté à la télévision en couleurs, qui connait ses heures de gloire. L’esthétique règne en maitre pour créer une identité visuelle forte et captiver une audience toujours plus avide de nouveauté.

Un virage mode à 360°
Parler de mode dans les années 1980, revient à évoquer le début d’une nouvelle ère. À bas les codes traditionnels et bonjour le postmodernisme saupoudré d’un grain de folie ! Si la décennie précédente était bercée par une tendance aux tissus fluides de couleurs chaudes caractéristiques des 70’s, les couturiers se laissent désormais tenter par des vêtements audacieux, plus près du corps qui oscillent entre paillettes éblouissantes et couleurs flash. Véritable moyen d’expression, la mode devient vectrice de nombreux messages pour des stylistes émergents comme Élisabeth de Senneville ou Jean-Charles de Castelbajac.

Si auparavant on ne parlait de mode presque qu’exclusivement au féminin, les vêtements pour hommes deviennent le terrain de jeu à peine exploré des couturiers, qui n’hésitent plus à ajouter une touche masculine dans leurs défilés. En plein essor du prêt-à-porter, des marques comme Naf Naf ou Kookaï s’imposent et des personnalités françaises et japonaises telles que Thierry Mugler, Jean Paul Gaultier, Issey Miyake ou encore Yohji Yamamoto, se démarquent comme les nouveaux créateurs friands de transgression, d’impertinence et désireux de rendre la mode accessible à tous. Cela est notamment être possible grâce à l’émergence des ventes par correspondance : en 1977 et 1983 Sonia Rykiel et Jean Paul Gaultier sont respectivement pionniers en la matière à travers une collaboration avec 3 Suisses.

D’innovation et de design
Côté design le constat est tout aussi éclectique ! En 1979, le VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement), impulsé par le ministère de l’Industrie, donne des « Cartes blanches » à différents créateurs. C’est alors toute une génération de designers aux styles et aux personnalités singulières qui tire son épingle du jeu et est mise en avant : on parle d’Olivier Gagnère, Martine Bedin, Philippe Starck ou encore Élizabeth Garouste et Mattia Bonetti.

L’émergence de ces artistes coïncide avec l’apparition de lieux où les différentes disciplines artistiques se rencontrent et où vie festive s’entremêle avec vie culturelle : dans les galeries Perkal, Avant-Scène et Gladys Mougin, les cafés, ou encore les clubs, l’art et l’inspiration sont partout, faisant de chaque endroit parisien un lieu représentatif de son époque, unique et excentrique.