Ils ont en commun un ego monumental et des milliards de dollars de disponibles. Elon Musk, Richard Branson et Jeff Bezos sont sur orbite.
C’est dans l’Ouest américain que se déroule ce poker à trois dont le vainqueur est assuré de dominer cette nouvelle conquête de l’espace. Les fondateurs de Virgin, Amazon et Space X-Tesla mettent tous leurs moyens pour attirer les ultrariches en quête de sensations fortes vers de nouveaux horizons. La compétition est entrée cet été dans une phase tendue avec les premiers vols « touristiques ». Richard Branson à bord de Virgin Galactic s’est élancé le premier, précédant de quelques jours Je Bezos et sa capsule Blue Origin. Depuis 50 ans et le lancement de son label musical Virgin, Branson a toujours su se mettre en scène avec un grand talent pour attirer partenaires et investisseurs. Il n’a pas perdu la main, même si la technologie élaborée depuis plus de dix ans semble en retrait au regard de celle pronée par ses deux concurrents.
Avion planeur ou capsule
En dépit de quelques échecs dont un crash mortel dans le désert des Mojaves, Branson a persisté en faisant construire SpaceshipOne et Virgin Galactic ainsi que deux avions porteurs White Knight Two. Dédié au vol suborbital, Virgin Galactic est accroché sous les ailes de White Knight qui s’apparente à un avion conçu pour emmener à l’altitude souhaitée Virgin Galactic. À cette altitude, Virgin Galactic devient autonome grâce à sa propulsion et parvient à une vitesse horizontale inférieure à la vitesse de satellisation minimale. Durant quelques minutes, l’avion se trouve en chute libre et ses passagers font l’expérience de l’impesanteur. L’atmosphère épaississant au cours de la descente ralentit Virgin Galactic, l’impesanteur disparaît et l’avion se pose de manière conventionnelle. Space X et Blue Origin ont tous deux l’ambition et la capacité, comme ils l’ont déjà prouvé, de s‘extraire de l’atmosphère terrestre et d’évoluer en vol orbital. Cette capacité offre de nouveaux horizons à ces pionniers, dont la possibilité de rejoindre la station spatiale ISS. Autre projet majeur est la récupération du lanceur, parfaitement maitrisée par SpaceX et Blue Origin, offrant la possibilité de le réutiliser pour d’autres missions ludiques ou scientifiques. Avec le retrait de la NASA dans le secteur des lanceurs, c’est un marché colossal qui s’offre dans la conquéte spatiale.

Impact écologique
Le tourisme spatial suscite des débats dans la communauté scientifique depuis déjà plusieurs années. À Richard Branson affirmant que chacun des passagers qui s’envolera dans l’espace sub-orbital à bord de son SpaceShipTwo émettra moins de dyoxide de carbonne qu’un passager aérien sur un vol New York-Londres, le camp adverse rétorque que le tourisme spatial aura des effets très néfastes sur l’environnement. L’autre point noir soulevé est le risque de collisions dù à la prolifération incontrôlée des satellites et des débris tournant autour de la planète. Outre les risques pour notre écosystème, la critique sociale porte sur l’indécence que constitue le fait que seuls quelques ultrariches puissent bénéficier de tels voyages. Entre 2001 et 2019, huit touristes spatiaux ont effectué des vols orbitaux pour lesquels ils ont payé entre 20 et 35 millions de dollars. Le 16 septembre 2018, la compagnie Spacex d’Elon Musk annonce le nom du premier touriste spatial qui partira en voyage autour de la lune dès 2023 ; il s’agit du milliardaire japonais Ÿusaku Maezawa qui devra faire en décembre un séjour spatial de 12 jours avec un passage dans l’ISS pour préparer le voyage interplanétaire.
La guerre de la communication entre les trois milliardonautes ne fait que commencer. Virgin Galactic annonce que 600 personnes ont déjà réservé leur vol au prix de US$ 250.000 tandis que 8.000 autres sont sur liste d’attente, dont des personnalités comme Tom Hanks et Katy Perry. À l’aube de cette époque sidérale, les états vont devoir s’investir pour ne pas laisser l’espace devenir un « Far Space » aux mains de quelques aventuriers soucieux de leur propre gloire.