Pendant des siècles, la montre, premier objet mécanique à large diffusion, a préparé le terrain à la voiture en éveillant l’homme à la passion pour les objets techniques. Depuis, ces deux univers passionnels soignent leur relationnel pour renforcer mutuellement leur attractivité.
Jusqu’à l’invention par Louis Forest du moteur à combustion interne en 1888, et de la fabrication des premières automobiles, les montres régnaient sans partage sur l’univers des objets du quotidien, susceptibles d’indiquer le niveau de pouvoir de leur propriétaire. Pour servir la cause des premiers engins motorisés arrivés sur le marché, les horlogers créèrent les chronographes équipés de tachymètres que les copilotes pouvaient enclencher d’une borne kilométrique à l’autre pour savoir la vitesse moyenne du véhicule lancé sur la route. Une fois les tachymètres mécaniques inventés et souvent produits par les manufacturiers horlogers, ceux-ci se concentrèrent dans le chronométrage des premières courses destinées à départager les constructeurs et surtout à les émuler.
Les marques liées de longue date à l’automobile
La démocratisation des voitures dans l’immédiate après seconde guerre mondiale a poussé les marques horlogères à s’intéresser de prêt à ce phénomène de société pour tenter de conquérir le cœur des nouveaux conducteurs. Ce besoin de la jeunesse de vivre à 100 à l’heure sous adrénaline au bruit des circuits a été parfaitement cerné par Jack Heuer qui, connaissant les Etats-Unis et sachant combien la jeunesse de là-bas se passionnait pour les voitures, a osé transposer le modèle d’outre atlantique à l’Europe. Pour ces amateurs de sensations forte et de petits spiders, il créait le chronographe Carrera sur le circuit des 12 heures de Sebring en 1963. La maison Rolex avait, elle aussi parfaitement cerné l’importance d’être présente sur les anneaux de vitesse avec sa nouvelle ligne de montres de sport. Au début des années 1960, deux univers se partageaient le cœur des hommes : l’espace et la piste. Pour satisfaire tout le monde la marque à la couronne créait en 1963 le chrono Oyster Perpetual Cosmograph Daytona. Devenu aujourd’hui une icône des circuits, cet instrument demeure parmi les plus apprécié des amateurs de voitures sportives. La maison Breitling longtemps très spécialisée dans l’univers aéronautique devait, aux vues de l’engouement du public pour les courses, arriver sur ce marché très concurrentiel avec des produits efficaces et graphiques. Les nouveaux Chronographes Top Time qui rendent hommages aux plus belles voitures de sport américaines sont là pour rappeler cette connivence maintenant ancienne.
Les nouveaux acteurs du marché
Au fils des années, de plus en plus de marques ont fait leur place dans l’univers automobile au point qu’à la fin des années 1970, il ne restait plus beaucoup de courses ou d’écuries avec lesquelles de nouvelles maisons pouvaient s’associer. Maline et guidée par la passion par la passion des propriétaires pour les voitures de collections, la maison Chopard s’est dès 1988 investie dans l’univers des rallyes. Depuis, son nom est étroitement associé à celui de la Mille Milia qui se coure en Italie et pour lequel la manufacture créée, année après année, un nouveau modèle de montre. La marque Richard Mille a fait, un temps, une incursion dans ce secteur. Il s’agissait là moins de nécessité que de goût, le fondateur de la marque étant un collectionneur averti de voitures de sport. Actuellement, son intérêt se porte plutôt sur la Formule 1, un secteur occupé par certains ténors horlogers comme Rolex ou IWC, mais dans lequel il est également légitime, ses montres étant par essence des produits à forte connotation « moteur » utilisant des matériaux issus de la course automobile. On retrouve également d’autres marques dans les paddocks et en particulier celles de Bernard Richards au poignet d’une foule de mécaniciens passionnés de belle mécanique. Logique, l’homme est aussi un passionné et il fait tout lui même dans ses ateliers à la façon d’un mécanicien horloger. D’ailleurs, l’habillage de ses montres est très inspiré par des composants moteurs ou par les châssis de bolides prêts à partir des stands. Graphiques, ses créations sont à l’image des passionnés qui se les achètent : entières, évocatrices et surtout capables d’identifier leur propriétaire comme un « pure player » dans le secteur. Chez BRM, il n’y a pas de frime comme le disait son fondateur Bernard Richards, et on devine à voir celles de leurs propriétaires dans les stands des grands circuits internationaux, qu’ils ne sont pas là pour faire de la figuration… C’est plutôt bon signe ! Un peu dans l’esprit de cette marque française, d’autres maisons abordent l’univers automobile en s’inspirant d’éléments de carrosserie ou des tableaux de bords. C’est le choix retenu par Chanel pour la nouvelle Monsieur de Chanel Edition Superleggera, mais aussi celui de Reservoir pour le dernier modèle Kanister inspiré, lui, d’un compteur de la fameuse 356 Speedster.