C’est au large des Iles de Lérins, et plus précisément près du rivage Sud de la belle Ile Sainte Marguerite, que depuis la fin du mois de janvier, les plongeurs curieux peuvent découvrir un très original écomusée sous-marin, peuplé des impressionnantes sculptures en forme de visage, de l’artiste engagé Jason de Caires Taylor.

Le sculpteur anglais doit sa renommée, à ses insolites créations de sculptures et d’écomusée écologiques sous-marins, à travers le monde. En effet, il n’en est pas à son coup d’essai ! Depuis toujours passionné par la plongée, c’est au large de l’Ile de Grenade, dans les Caraïbes qu’il imagine et crée sa toute première statue sous-marine baptisée «Grace Reef». C’est toujours au large de Molinere Bay en 2006, qu’il imagine le premier écomusée sous-marin qu’il finance grâce à la vente de sa maison. Il aspire ainsi à faire prendre conscience au monde que la préservation de la nature et de l’environnement notamment marins est fondamentale. Les sculptures posées sur le plancher marin vivent en harmonie avec l’écosystème environnant et sont en constante évolution, servant d’habitat aux poissons et aux crustacés mais également de support au développement des coraux malmenés. Elles sont à terme vouées à s’effacer et disparaitre totalement sous ces derniers. « Je veux simplement montrer combien nous sommes petits et insignifiants selon la grande échelle des choses et mettre en lumière que cette faune et cette flore qui reprennent leurs droits peuvent être l’un des plus beaux événements naturels. » explique Jason de Caires Taylor. Une manière inédite de marier art et engagement écologique. Ce musée inédit a d’ailleurs été classé comme l’une des 25 merveilles du monde par le National Geographic. Une consécration pour l’artiste. En 2010, c’est à Cancùn qu’il inaugure le MUSA (Museo Subacuático de Arte). Son inspiration, il la puise souvent dans des scènes de la vie quotidienne comme pour sa sculpture « Inertia » qui représente un homme à l’embonpoint certain avachi sur son canapé à regarder la télévision ou encore le « Radeau de Lampelusa » imaginé en hommage à la crise des migrants en Europe et immergée au large des Canaries
dans le ‘Musée Atlantico’.

Tombé amoureux de Cannes, c’est au large des iconiques Iles de Lérins que Jason deCaires Taylor a imaginé le premier écomusée sous-marin de France et de Méditerranée avec le soutien tout particulier du maire de la ville David Lisnard. En effet, ce dernier a découvert le travail de l’artiste à Cancùn en 2015. Il est immédiatement frappé par la puissance et la dimension écologique de ses œuvres et il invite Jason deCaires à imaginer le même concept pour la première fois en France. Il faudra plusieurs années pour voir enfin aboutir ce beau projet. « Quelle joie de pouvoir contempler l’aboutissement de ce magnifique projet ! Mêlant beauté et pédagogie, l’écomusée sous-marin de Cannes symbolise mon attachement à deux valeurs fondamentales : la nécessité culturelle et la préservation de l’environnement. L’œuvre de Jason deCaires Taylor est une œuvre forte, artistique et écologique, immergée dans un environnement précieux, où les fonds marins ont été restaurés et sont désormais protégés. » explique t-il lors de l’inauguration de l’écomusée. Pour ses six sculptures, ce sont six cannois qui ont prêté leurs traits à l’artiste qui réinterprète le thème du masque en clin d’œil à l’emblématique Masque de Fer qui fut emprisonné une dizaine d’années sur l’île. Chacune des six statues mesure deux mètres et pèse environ dix tonnes. Elles sont à l’instar de ses précédentes œuvres fabriquées dans un matériau marin écologique à PH neutre qui offrira le sanctuaire idéal à la vie subaquatique. Immergée entre 3 à 5 mètres de profondeur et à une petite centaine de mètres du rivage, l’écomusée est accessible à tous les plongeurs équipés même simplement d’un masque et d’un tuba. A découvrir au plus vite…