La journée internationale des femmes est célébrée ce mercredi 8 mars 2023. Mise en place en 1975 par l’Organisation des nations unies, elle a pour objectif de sensibiliser et d’agir en faveur des droits des femmes et de l’égalité des sexes. Pour cette occasion, nous vous présentons cinq personnalités féminines qui ont eu un impact sur la Principauté de Monaco et la Riviera française, tant par leur talent, que leurs actions et leurs ambitions.
Suzanne Lenglen (1899-1938) – Star internationale du tennis

Suzanne Lenglen – Tirage argentique – Années 1920 © Collection Musée National du Sport
Rien ne prédestinait réellement Suzanne Lenglen au tennis, si ce n’est un cadeau de son père en 1910, lorsqu’elle a environ douze ans : sa première raquette. Sportive et déterminée dans l’âme, son talent pour ce sport se veut presque immédiat et en 1914, à 15 ans, elle est sacrée championne du monde sur terre battue. Durant la première Guerre mondiale, c’est à Nice, ville où sa famille passe traditionnellement l’hiver, qu’elle pose ses valises. L’adolescente continue de s’entrainer ardemment, notamment au Nice Lawn Tennis Club. C’est en 1919, à seulement 20 ans, qu’elle se projette sur la scène internationale en remportant le tournoi de Wimbledon, face à Dorothy Lambert Chambers, une Britannique d’une quarantaine d’années.
214 tournois remportés, 3 médailles olympiques, 6 fois championne de France, 6 fois championne du monde, un palmarès unique qui place la joueuse au rang de première star internationale du tennis féminin. En révolutionnant le monde du sport, la tenniswoman révolutionne également le monde de la mode en apportant un nouveau souffle aux tenues qu’elle porte : « Une jupe courte, généralement plissée, arrêtée au genou, (…), le cardigan ainsi qu’un bandeau de tulle retenant ses cheveux », décrit l’historien Ralph Schor.
Malgré sa disparition en 1938, Suzanne Lenglen reste un symbole tant pour le tennis féminin, que pour la liberté et l’émancipation qu’elle représentait à une époque où les femmes étaient encore enfermées dans des carcans. Aujourd’hui, « la divine » comme elle est surnommée, continue de vivre à Nice comme dans l’univers du tennis : la rue du Nice Lawn Tennis Club s’intitule Avenue Suzanne Lenglen et un court à son nom, le deuxième plus grand du stade Roland-Garros, a été inauguré en 1994.
Sarah Bernhardt (1844-1923) – L’Étoile du théâtre

Elle est qualifiée d’étoile, de star internationale, d’« impératrice du théâtre », et pour cause : Sarah Bernhardt est la première actrice à avoir interprété les pièces les plus célèbres de Molière, Shakespeare, ou Victor Hugo, sur les scènes des cinq continents. C’est en 1859 que l’adolescente d’alors 15 ans, fait ses premiers pas dans le théâtre en intégrant le conservatoire d’art dramatique de Paris, dont elle ressort en 1862 pour rejoindre la Comédie-Française. Quatre ans plus tard, elle en en renvoyée pour avoir giflé une secrétaire, mais poursuit rapidement sa carrière théâtrale en signant un contrat avec le Théâtre de l’Odéon. Dès lors et jusqu’en 1922, son excentricité, son talent et son style de jeu qui lui est propre, lui valent applaudissements et succès à répétition.
À partir des années 1880, elle donne une dimension mondiale à sa carrière en conquérant le cœur des spectateurs anglais, américains, australiens ou encore russes avec la compagnie qu’elle a fondée. En 1879, c’est à Monaco qu’elle déchaine les passions à l’occasion de l’inauguration de l’Opéra de Monte-Carlo, dont la construction a été chapeautée par Charles Garnier. Elle continuera de s’y produire régulièrement jusqu’à sa mort. La Principauté ne l’a d’ailleurs jamais oubliée : en 2019, le Théâtre Princesse Grace a accueilli une pièce, Inoubliable Sarah Bernhardt, basée sur un texte de Joëlle Fossier et interprétée par Geneviève Casile, où la célèbre actrice a repris vie sur scène, encore une fois, pour raconter les moments forts de sa carrière unique.
Marie-Laure de Noailles (1902-1970) – Placer l’art au cœur de sa vie

Mécène, collectionneuse, peintre et écrivain, Marie-Laure Bischoffsheim de son nom de jeune fille, cumule les activités artistiques. Une passion, sans doute héritée de son éducation bourgeoise, de l’importante collection d’œuvres qui lui est léguée au décès de son père et de son amitié avec Jean Cocteau qui lui ouvre les portes du monde des avant-gardes. Une passion, qu’elle partage également avec son mari, le Vicomte Charles de Noailles, qu’elle épouse à Grasse, en 1923. Ensemble, ils vivent au gré des courants artistiques, du cubisme au surréalisme, ils collectionnent, pratiquent le mécénat et mettent un point d’honneur à aider les artistes en devenir à se frayer un chemin sur le devant de la scène.

Véritable amoureuse de la Provence sur laquelle elle écrit un livre, elle fait bâtir avec son époux la villa Noailles à Hyères, entre 1924 et 1932. Pensé par l’architecte Robert Mallet-Stevens, ce lieu singulier est empreint d’une modernité presque inédite pour son époque. Grande amatrice d’événements mondains, Marie-Laure de Noailles organise régulièrement des bals à thèmes, où des artistes émergents ont l’opportunité de présenter leurs réalisations et où peintres, compositeurs, philosophes et autres amis du couple, se côtoient. Ainsi, Diego Giacometti, Francis Poulenc, Salvador Dali, Jean Cocteau ou encore Jacques Lacan y défilent, faisant de la villa, un lieu « où s’écrivit une part extraordinaire de l’histoire culturelle et artistique du XXème siècle ».
Aujourd’hui, après 100 ans d’existence, la villa Noailles continue d’être un endroit où l’art règne en maitre. En 2017, elle a officiellement obtenu le statut de Centre d’art d’intérêt national et perpétue ainsi l’ambition qu’avaient Marie-Laure et Charles de Noailles : celle de soutenir et de mettre en avant les artistes quelle que soit leur discipline.
Niki de Saint Phalle (1930-2002) – L’artiste engagée

« Pour moi, mes sculptures représentent le monde de la femme amplifié, la folie des grandeurs des femmes, la femme dans le monde d’aujourd’hui, la femme au pouvoir », déclare Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle alias Niki de Saint Phalle en 1965. Ce pouvoir des femmes, l’artiste franco-américaine en a fait son inspiration première. À travers ses sculptures féministes et ses peintures marquantes qui lui ont permis d’atteindre la renommée internationale, ce sont des messages sur l’émancipation des femmes, la lutte contre la violence et contre les discriminations que Niki de Saint Phalle a souhaité transmettre. L’art comme outil politique, l’art comme exutoire pour « calm(er) le chaos qui agitait (son) âme », à la suite d’un viol qu’elle subit alors qu’elle n’est qu’une enfant.

Les Nanas, dont les premières voient le jour en 1964, font aujourd’hui partie de ses œuvres les plus connues. Ces sculptures en papier mâché, aux formes généreuses, à la taille impressionnante et aux couleurs flamboyantes, témoignent de la volonté de l’artiste de se défaire de tous les diktats qui reposent sur les épaules des femmes et de tous les codes imposés par la société. « Elles sont elles-mêmes, elles n’ont pas besoin de mecs, elles sont libres, elles sont joyeuses », assure Niki de Saint Phalle lors d’une interview.

En 2001, la plasticienne fait don au musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice de 190 œuvres, qui font aujourd’hui partie intégrante de la collection permanente du musée. Le choix de la Cité des Anges n’a pas été fait au hasard : berceau du mouvement international du Nouveau Réalisme, c’est dans le cadre du festival éponyme organisé à la galerie Muratore, que Niki de Saint Phalle se rend à Nice en 1961 et y réalise l’un des tableaux de sa célèbre série d’action-tir.
Jeanne Moreau (1928-2017) – Vivre pour jouer

Elle reste ancrée dans nos mémoires pour ses rôles dans Touchez pas au grisbi, Les Liaisons dangereuses, Jules et Jim ou La vieille qui marchait dans la mer. Avec 65 ans de carrière et plus de 130 films à son actif, Jeanne Moreau a marqué l’histoire du cinéma français. C’est au théâtre, sur les planches de la Comédie-Française, que l’actrice fait ses premiers pas sur scène, mais c’est en 1950 que son histoire d’amour avec le grand écran débute.
Plus rien ne l’arrête alors. Des années 1950 jusqu’aux années 2000, Jeanne Moreau interprète parfois jusqu’à cinq rôles différents par an, au cinéma. « Un personnage, c’est comme une peau qu’on jette mais qui vous laisse des traces. C’est une façon merveilleuse d’apprendre à connaître l’humanité », affirme-t-elle.

Son métier, l’actrice le vit pleinement jusque sur le tapis rouge du Festival de Cannes. Figurant parmi les onze femmes à en avoir présidé le jury depuis sa création en 1946, elle se distingue pour avoir tenu ce rôle deux fois, en 1975 et en 1995 et pour avoir été la première maitresse de cérémonie de l’histoire du festival, en 1975. Cette attache à la Côte d’Azur, elle la démontre tout au long de sa carrière tant par son interprétation de Jackie Demaistre qui arpente la promenade des Anglais dans la scène d’ouverture de La baie des Anges en 1963, que par sa présence aux plus grands événements cinématographiques : Festival du Film Italien à Nice en 1985, gala du Monaco Dance Forum en 2002 ou encore de nombreuses éditions du Festival de Cannes où elle reçoit le prix d’interprétation féminine en 1960 pour le film Moderato cantabile.