Du 27 décembre 2019 au 5 janvier 2020, le Grimaldi forum accueillera Coppel-i.A., une création mondiale de Jean-Christophe Maillot, chorégraphe-directeur des Ballets de Monte-Carlo. La compagnie, créée en 1985 par S.A.R. la Princesse Caroline de Hanovre, perpétue un ancrage des plus prestigieux de la danse à Monaco.
Ce sera incontestablement le temps fort de la nouvelle saison des Ballets de Monte-Carlo : à la fin de l’année, Jean-Christophe Maillot fera découvrir au public de la salle des Princes sa relecture inédite de l’un des plus grands ballets du répertoire romantique : Coppélia, devenu Coppél-i.A. à l’heure de l’intelligence artificielle. Ce retour à la narration grand format n’a rien d’étonnant pour qui connaît le répertoire du chorégraphe-directeur de la compagnie, qui travaille depuis longtemps à reconnecter les grands ballets classiques à la réalité du monde contemporain. Cette fois, et de manière fort inspirée, le maître Maillot s’approprie le monde des automates du célèbre ballet créé en 1870 pour proposer une réflexion sur la recherche du partenaire idéal dans une société technologiquement avancée. Le xixe siècle laissera place sur scène à un futur proche où deux jeunes amants, Frantz et Swanhilda, verront leurs certitudes sur l’amour remises en question par l’arrivée d’un être artificiel dans leur vie. Une adaptation qui s’annonce donc, comme à son habitude, aussi libre qu’originale, d’autant plus que Coppél-i.A. sera dansé sur une création musicale inédite hybride : elle incorporera des séquences originales écrites par Bertrand Maillot et des manipulations sonores effectuées sur la partition originale de Léo Delibes. Les Ballets russes : un héritage prestigieux Après La Belle, LAC ou encore Cendrillon, Coppel-i.A. promet donc de s’inscrire dans ces grandes relectures qui, depuis son arrivée à la tête des Ballets en 1993, ont permis à J.C. Maillot d’imposer à nouveau le nom de Monaco sur la scène de la danse mondiale. En effet, si la compagnie – sous sa forme actuelle du moins – est née en 1985 de la volonté de S.A.R. la Princesse Caroline de Hanovre, l’ancrage de la danse en Principauté y est bien plus ancien… Et des plus prestigieux ! C’est ici en effet que Serge de Diaghilev établit en son temps l’atelier de ses fameux Ballets russes. De 1909 à 1929, ceux-ci révolutionnèrent l’art de la danse, révélant au monde des artistes, danseurs, peintres ou musiciens aussi prestigieux que George Balanchine, Igor Stravinski, Serge Prokoviev ou encore Pablo Picasso. Un héritage auquel les Ballets de Monte-Carlo rendent aujourd’hui hommage par leur étonnante modernité et vivacité, comme en témoigne le premier spectacle de la saison joué en Principauté – En compagnie de Nijinsky –, un ensemble de quatre ballets faisant écho à la figure mythique des Ballets russes Vaslav Nijijnsky. Au fil des ans, J.C. Maillot a ainsi su imposer un style novateur et singulier où tradition sur pointes et avant-garde peuvent dialoguer sans jamais s’exclure. Alors que ses ballets sont aujourd’hui joués dans le monde entier, le chorégraphe-directeur a aussi largement travaillé à donner à la danse une place essentielle dans la vie culturelle de la Principauté. C’est ainsi que, depuis 2011, Les Ballets de Monte-Carlo réunissent au sein d’une même structure la compagnie de 50 danseurs, mais aussi le Monaco Dance Forum, vitrine internationale de la danse créée en 2000, et l’Académie Princesse Grace, école de danse de haut niveau fondée en 1975… Formation, création, diffusion : nul doute donc que la tradition de l’excellence de la danse à Monaco a encore de beaux jours devant elle !
Coppél-i.A., une création mondiale : 3 questions à Jean-Christophe Maillot
La relecture des grands ballets classiques est l’une des composantes essentielles de votre répertoire : pourquoi Coppél-I.A.?
Ces œuvres possèdent une dimension narrative qui leur a permis de traverser les siècles. Coppélia a été présenté la première fois en 1870. Le ballet avait su séduire un public féru d’histoires fantastiques grâce à sa problématique autour de l’être mécanique qui prend vie. Aujourd’hui, ce thème entre à nouveau en résonnance avec nos interrogations à cause du développement exponentiel de l’intelligence artificielle qui alimente, à tort ou à raison, toutes sortes de fantasmes.
Quelle était votre ambition pour ce ballet ?
La même que celle qui m’anime depuis toujours : faire évoluer un vocabulaire académique propre à une compagnie de ballet comme celle que je dirige afin de le mettre en adéquation avec une narration contemporaine.
Que cherchez-vous plus spécifiquement dans cet exercice de la relecture des classiques ?
Précisément, parce que ce sont des classiques, tout le monde les connaît. Cela vous permet de vous adresser d’emblée à un plus grand nombre. Le public sait de quoi vous allez parler, du moins c’est ce qu’il pense, et mon plaisir en tant que chorégraphe consiste justement à le surprendre en lui montrant autre chose que ce qu’il croyait voir. Ces ballets classiques sont des raccourcis vers la créativité.