Tous les amateurs savent les montres-bracelets masculines être une extrapolation de la fameuse Santos conçue par Louis Cartier en 1904 pour son ami Alberto Santos-Dumont, le célèbre aérostier et pilote d’aéroplane. Depuis, bien d’autres maisons joaillières ou coutures se sont lancées dans la production de garde-temps avec succès au point de créer nombre de vraies icônes horlogères. Décryptage !
Hé oui, on l’apprend en remontant le cours de l’histoire des instruments de mesure du temps, les horlogers traditionnels n’ont jamais vraiment brillé par leur originalité et leur créativité. Résultat, ils sont restés bloqués durant des siècles sur les montres de poches avant de découvrir, grâce au joaillier parisien Cartier, toutes les possibilités qui leur étaient offertes en les passant des poches aux poignets.

Donner une forme au temps qui passe
La force des créateurs et joailliers tient à ce qu’ils sont moins intéressés par la précision que par la dimension de bijou véhiculée par les montres dès l’instant où celles-ci échappent à la forme traditionnellement ronde. Au cœur de la Grande Guerre, très exactement en 1917, Louis Cartier –encore lui-, s’inspirait d’une nouvelle arme appelée à marquer un tournant dans cette conflagration mondiale pour réaliser une des références les plus connues au monde : la fameuse Tank de Cartier. Souvent copiée et jamais égalée, cette montre a été déclinée en une multitude de variantes avec toujours autant de succès. Mieux, elle a même incité les grandes manufactures horlogères peu enclines à la fantaisie, à lancer des collections horlogères osant des formes originales durant l’entre-deux-guerres.
La période dite des « années folles » était propice car ces créations répondaient aux envies de la nouvelle génération de rompre avec les us et coutumes de ceux qui étaient à l’origine d’un conflit sanglant. Cette envie de nouveauté devait donner naissance à la Reverso de Jaeger-LeCoultre, à la Fameuse Prince de Rolex, à la T17 d’Omega, à la T18 de LIP et à bien d’autres modèles encore. Depuis la maison a proposé d’autres best-sellers comme la Panthère ou la Ballon Bleu. Excellant dans l’univers des formes dont elle s’est fait une spécialité, Cartier a régné sur le secteur des montres féminines avant que d’autres maisons de joaillerie ne se penchent sur le potentiel que représentent les tocantes. La maison Chaumet avait une certaine antériorité dans la discipline puisqu’elle avait habillé de ses créations certaines pièces de la maison Breguet. Mais dans l’ensemble ces produits restaient classiques. Il fallut attendre 1944 et la fameuse Reflet de Boucheron qui plaisait tant à Edith Piaf pour que se dessine une concurrence aux montres Cartier.
Le monde n’aimant pas le vide, dans les années 1970 et 1980, beaucoup de créateurs se sont lancés dans la production de montres couture dès l’instant où les calibres à quartz ont réduit en taille et en coût. Au départ, beaucoup de marques ont fait produire sous licence leurs montres par des entreprises spécialisées. Mais les résultats durant la décennie du quartz ont été tels que la plupart de celles qui se sont essayées à l’exercice y ont pris goût et pris le parti de développer le secteur, une fois passées les années 1990.

L’heure en sur mesure
Ainsi, Chanel que rien ne prédisposait à faire des bijoux donnant l’heure sortait la Première en 1987, une petite montre rectangulaire reprenant l’architecture de la place Vendôme. Le succès fut tel que l’entité portée par Jacques Helleu alors Directeur artistique de l’entreprise fondée par Gabrielle Chanel et appartenant aujourd’hui à la famille Wertheimer, se prit à croire en ses capacités horlogères. Tout le génie de Jacques Helleu à travers les formes inspirées de la J12 a été de faire de sa montre la version du troisième millénaire de l’une des plus célèbres montres de plongée. Noire puis immaculée dans ses habits de céramique inaltérable, cette montre devenait une icône à son tour. Elle aussi passablement copiée, elle a inspiré quantité d’autres marques sans jamais qu’elles ne parviennent à lui faire la moindre ombre. Après pareille réussite, la marque toujours en quête d’un vrai rebond a récemment fait savoir à quelques « insiders » qu’elle dévoilera à Watches and Wonders 2023 une nouvelle collection pour femme.

La maison fondée par Christian Dior en 1946, et désormais au sein du groupe LVMH, signe des collections horlogères puisant leur inspiration dans les ateliers de couture où règne encore l’esprit du créateur. Avec ce goût de l’exception qui caractérise Dior, les montres, en majorité pour dames, incarnent une élégante synthèse entre technique horlogère et inventivité au service d’un luxe sachant ne rien refuser à sa clientèle. Parmi les dernières créations en date à avoir impacté le métier on note la présence de la fameuse D de Dior en version Ultramatte, la Gem de Dior, les Dior Grand Soir et surtout les magnifiques et créatives Dior Grand Bal Plume. Toujours en quête de s’inscrire comme un horloger du sur-mesure, la marque renouvelle ses collections pour toujours rester à la pointe de la tendance.

De son côté, l’horlogerie Gucci tisse sa toile depuis plusieurs décennies. Dès ses débuts, la marque de maroquinerie fondée en 1921 a été portée par le succès et a diversifié ses activités. Elle s’est finalement lancée en horlogerie en 1972 en faisant l’acquisition de la société Severin Montres. Explorant toutes les possibilités de l’objet comme accessoire de mode, la maison, aujourd’hui parmi les fers de lance du groupe Kering, possède un savoir-faire de qualité et une puissante image de style, grâce au design particulièrement étudié de ses modèles comme la Gucci 25H, la fameuse Grip avec son affichage de l’heure originale ou les graphiques Gucci Dive.

Le cercle très fermé des selliers et maroquiniers
Les joailliers et les couturiers ne sont pas les seuls à croire en leur faculté à faire des montres qui comptent. Les selliers aussi. En la matière, la maison Hermès a démontré sa faculté à rejoindre en tout juste deux décennies le groupe des meilleurs en proposant des produits à la fois sobres et originaux. Avec une croissance de plus de 70% en 2021, La marque a fait la preuve de sa capacité à séduire et à surprendre. La preuve : elle a remporté, avec la montre Arceau le Temps Voyageur, deux prix lors du Grand prix horloger de la ville de Genève 2022. Ces deux merveilles éclipsent un peu les collections génériques qui rencontrent un vrai succès, mais la marque entend aussi faire la démonstration de sa capacité à créer des pièces horlogères abouties grâce à ces pièces dotées de complications utiles. Elles portent l’image d’excellence de la marque dans un secteur qu’elle pratique maintenant depuis plus de 100 ans mais qu’elle valorise depuis les années au point que l’horlogerie est le troisième secteur d’activité de la marque. La présence de Louis Vuitton en horlogerie est plus récente puisque la marque célèbre à travers le chronographe Tambour Twenty, ses 20 ans dans l’univers de la mesure du temps. Cela peut sembler peu, mais durant ces années, elle n’a pas chômé et proposé avec ses partenaires et les artisans de la Manufacture du Temps Louis Vuitton des montres à complications comme des tourbillons, des montres à répétition minutes et la fameuse Escale, une pièce pour voyageur affichant les heures du monde également disponible en version Spin time avec les heures s’affichant grâce à des cubes rotatifs. La marque a su imposer son style dans tous les secteurs y compris dans celui plus concurrentiel encore des garde-temps connectés. Avec le modèle Tambour Horizon, elle marque des points auprès d’une clientèle jeune, cosmopolite et impliquée.