
Avec 48 marques horlogères présentant leurs collections à Palexpo et au moins autant à le faire dans les grands hôtels de la ville de Genève, les amateurs et amatrices de belles montres auront l’embarras du choix. Pour les aider, voici une sélection de pièces qui, rassemblées par thèmes, devrait leur donner une idée des tendances à venir pour l’année 2023.

Les incontournables complications
Cette année encore, le régulateur à tourbillon sera à l’honneur. Il faut avouer, cet organe effectuant le plus souvent une giration par minute est apprécié du public depuis sa création en 1801, tant pour son esthétique flatteuse que pour la précision qu’il assure au garde-temps en étant équipé.

Les admirateurs de cette fine mécanique adoreront la nouvelle version de la Tambour Opera Automata proposée par Louis Vuitton puisque son boîtier usiné en saphir transparent subtilement coloré le laisse voir sous toutes les coutures. Ces mêmes passionnés se pencheront sur la montre Esmeralda Tourbillon « à secret » édition Eternity proposée par la manufacture Girard-Perregaux. On notera que l’association de la micro-gravure et de l’architecture des ponts de cette pièce est prodigieuse car, en plus d’être esthétiquement aboutie, elle permet d’apprécier les différents composants de la cage du tourbillon avec poésie. Dans le même esprit, mais avec une approche à la fois plus discrète et plus surprenante d’un point de vue mécanique, la Reverso Tribute Duoface Tourbillon Or Rose dévoilée par la manufacture Jaeger-LeCoultre séduira les puristes. Il faut dire, son tourbillon intégrant un nouveau type de balancier aurait justifié que le produit soit classé dans la partie traitant des innovations du moment qui ne sont pas bien nombreuses. Mais il en faut pour tous et cette référence méritait d’apparaître en majesté pour ce qu’elle offre de luxe et de modernité bien maîtrisée. Dans ce secteur d’activité peu pratiqué, la manufacture Ulysse Nardin tient toujours la corde avec sa toute nouvelle Blast Tourbillon Blue & Gold dotée d’un tourbillon volant avec échappement silicium. On attend aussi avec impatience la première montre à tourbillon, proposée par la manufacture française pour célébrer ses 50 ans d’existence.

Les produits tendance
A voir ce que proposent les marques comme produits en avant-première, on devine déjà ce qu’elles ont derrière la tête. Toutes ont pris le parti de profiter de l’aspiration générée par les modèles les plus recherchés et pour la plupart indisponibles pour tenter de récupérer une partie de cette clientèle n’ayant d’yeux que pour les modèles simples et sports, portant belle signature et surtout garantis de se revendre très rapidement, beaucoup plus cher.

Sur les rangs, prête à prendre des parts de marché à Patek Philippe, Audemars Piguet ou Rolex, on a depuis un bon moment la manufacture Omega. Absente de Watches and Wonders, elle n’en demeure pas moins une concurrente redoutable avec son emblématique chronographe Speedmaster. On sait également que Chopard a fait le choix de prendre des parts de marché à ces icônes avec l’Alpine Eagle. Son look inspiré d’un modèle lancé dans les années 80 connaît un vrai succès. Il faut avouer que le garde-temps présenté cette année en 41 mm de diamètre coche un certain nombre de bonnes cases. A sa façon Cartier fait de même avec la toute nouvelle Santos. Son bracelet métal, la visserie sur la lunette… Tout est réfléchi pour faire de cette référence qui a contribué à faire de la montre-bracelet une tendance à partir de 1904, un garde-temps appelé à devenir le signe de ralliement de toute une catégorie de consommateurs. Il faut vivre avec son temps et ne surtout pas rater une opportunité de faire un gros coup avec un modèle qui, en plus d’un dessin très puissant, a une vraie histoire à raconter. C’est également très exactement ce que pense la direction de la manufacture suisse alémanique IWC. En relançant la version de la montre Ingénieur qu’avait élaboré le designer Gérald Genta en 1976, la marque surfe ostensiblement sur l’envie des nouveaux acteurs du marché de spéculer sur des modèles à fort charisme. C’est tentant et surtout osé quand on sait que ce produit, relancé en 2004, n’avait pas du tout trouvé son public. Mais le monde a changé et aujourd’hui de toute évidence ce n’est pas nécessairement l’esthétique ou la mécanique qui intéresse le plus les clients, mais la faculté du modèle sélectionné à voir sa valeur augmenter…
Eternel vintage
L’année, 2023 sera une fois encore pour beaucoup de marques l’occasion de célébrer un certain nombre d’anniversaires. Cette habitude dont certaines fabriques se sont pratiquement fait une spécialité permet en particulier de rappeler à travers des produits souvent plutôt réussis, l’histoire de la marque éditrice ou du modèle en question. En fait, on est arrivé à un tel point dans l’art de célébrer l’horlogerie du passé avec des produits contemporains que le « vintage » ou le « revival » sont deux concepts esthétiques devenus consubstantiels de l’ADN de certaines maisons, même si, au final, les produits sont esthétiquement très différents des originaux. Demeure tout de même la magie de ces « golden years » qu’étaient les trois décennies allant des années 1950 à l’aube des « Seventies ». Elles sont le creuset dans lesquelles toutes les entreprises vont puiser leur inspiration et desquelles elles exhument régulièrement des modèles afin de les remettre en lumière.

A l’heure actuelle, la période hippie chic est en vogue, mais cette année, sera l’occasion de (re)mettre l’accent sur deux périodes fastes pour le métier avec la célébration des 70 ans de la Submariner de Rolex et de la Fifty Fathoms de Blancpain, les deux montres de plongée à l’origine d’un engouement pour ce type de garde-temps qui ne se dément pas.
Mais l’année sera également l’occasion de célébrer les 60 ans de deux chronographes devenus mythiques : le Cosmograph Daytona de Rolex et le Carrera de TAG Heuer. L’année sera également l’occasion de célébrer les 50 ans de la manufacture française Péquignet, les 40 ans de la G-Shock de Casio que tout le monde a porté au moins une fois dans sa vie et les 20 ans de la D de Dior mais aussi de la petite marque française BRM qui s’est fait une spécialité des montres design à porter sur circuits automobiles.



Innovation tous azimuts

Les salons seront également l’occasion de présenter différentes innovations. Tous les ans offrent leur lot de bizarreries éphémères ou appelées à durer. Pour 2023, le nouveau tourbillon proposé par Jaeger-LeCoultre dans la Reverso Tribute Tourbillon déjà citée, a des chances de réapparaître sur d’autres créations. Il en va de même pour le nouveau spiral développé par Omega. Installé dans le chronographe Speedmaster Super Racing il est baptisé Spirate® et va faire parler de lui dans les allées du salon Watches and Wonders car il garantit à la pièce en étant équipé une précision inégalée de l’ordre de zéro à plus deux secondes d’avance par jour. Soit une précision deux à trois fois supérieure aux meilleurs produits mécaniques du marché. Nous étions aussi préparés, depuis quelques années, aux céramiques bicolores à force de présentation de montres dotées de lunettes associant noir et blanc, rouge et bleu, etc…
Aujourd’hui Chanel à qui l’on doit d’avoir contribué à anoblir cette matière avec la J12, tente une approche plus artistique en mixant deux teintes pour un même boîtier à grand renfort de formes géométriques. Ce thème à peine effleuré l’an passé arrive en force cette saison avec plusieurs propositions saisissantes que l’on devine avoir été une sorte de casse-tête pour les ingénieurs en charge de leur réalisation.

Chez Hublot, ils ont aussi phosphoré pour réussir à concevoir le boîtier transparent et coloré en jaune fluo de la Big Bang Tourbillon Automatic Yellow Neon Saxem. Le matériau n’est pas fondamentalement nouveau puisqu’il a déjà été utilisé en 2019 pour la Big Bang MP-11. A l’époque il était vert émeraude et ne faisait pas le même effet que dans cette configuration où la carrure semble éclairée de l’intérieur tant elle irradie. L’année verra sans doute aussi l’émergence de nouveaux matériaux tous plus ou moins bio-sourcés servir pour l’habillage des cadrans, la fabrication des bracelets ou le carénage des garde-temps branchés. A défaut d’être vraiment écologique, on pense ici à la toute dernière H08 d’Hermès qui se pare d’un boîtier réalisé en époxy, fibre de verre aluminisé et poudre d’ardoise.
